jeudi 24 mai 2007

Histoire de l'idée européenne

Dans leur grande majorité, les projets d'union politique sont nés à la suite des guerres. A la Renaissance, le Tractatus (1464) rédigé par le roi de Bohème Podiebrad invite à mettre en oeuvre une coopération entre Etats chrétiens, dotée d'une sorte de Parlement, pour faire face à l'expansion ottomane. Erasme s'afflige dans son Plaidoyer pour la paix (1516) des ambitions de court terme des Etats et encourage l'alliance des Etats chrétiens. Henri IV et Sully semblent avoir développé une idée semblable. Au moment des guerres de religion, Emeric Crucé propose dans Le nouveau Cynée (1623) (référence au conseiller de Pyrrhus) une fédération d'Etats pour le maintien de la paix associants 'Turcs, Persans, Français, Espagnols, Juifs ou Mahométans”. En 1693, le quaker William Penn publie Towards the present and future peace in Europe. L'abbé Charles Irénée de Saint-Pierre écrit un Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1713) et un Projet pour rendre la paix perpétuelle entre souverains chrétiens (1717), qui suscitent l'intérêt de Rousseau (1782). Emmanuel Kant évoque une idée similaire dans son Traité sur la paix perpétuelle (1795), où il propose une Fédération d'Etats libres et républicains. Saint-Simon est un des premiers à proposer la fondation de l'Europe sur des bases économiques (projets communs d'infrastructures) dans De la réorganisation de la société européenne (1814) : il souhaite une confédération franco-britannique appelée à s'élargir à d'autres régimes parlementaires. Richard Cobden développe également l'idée d'une coopération économique. Mazzini est quant à lui un des premiers à vouloir créer une solidarité entre les nations à travers le mouvement Jeune Europe (1834). Dans son discours du 1 mars 1871 à l'Assemblée nationale, Victor Hugo exhorte à la création des Etats-Unis d'Europe (déjà évoquée lors du Second Congrès pour la paix en 1849) :

"Et on entendra la France crier : C'est mon tour ! Allemagne, me voilà ! Suis-je ton ennemie ? Non ! je suis ta sœur. Je t'ai tout repris, et je te rends tout, à une condition : c'est que nous ne ferons plus qu'un seul peuple, qu'une seule famille, qu'une seule république. Je vais démolir mes forteresses, tu vas démolir les tiennes. Ma vengeance, c'est la fraternité ! Plus de frontières ! Le Rhin à tous."

Dans l'Entre-deux guerre, Edouard Herriot reprend cette idée (1925) tandis que le diplomate autrichien Richard Coudenhove-Kalergi crée en 1926 l'Union pan-européene, active auprès des élites. Aristide Briand prononce en 1929 un discours en faveur de l'Union européenne devant l'Assemblée générale de la SDN qui l'invite à présenter un Mémorandum sur l'organisation d'un régime d'union fédérale européenne (rédigé par Alexis Saint-Léger).

Le fédéralisme européen gagne du terrain après la Seconde guerre mondiale. L'Union fédéraliste européenne rassemble en 1946 plusieurs initiatives de la Résistance (mouvement fédéraliste européen créé en 1943 en Italie, Comité français pour la fédération européenne créé en 1944). Ses animateurs sont Altiero Spinelli, Alexandre Marc, Denis de Rougemont, Henri Frenay. Le Mouvement européen est une autre organisation fondée au congrès de La Haye en 1948, qui fut ouverte aux unionistes (partisans d'une simple coopération) à ses débuts. L'arrivée au pouvoir de dirigeants favorables à l'idée européenne, tant démocrates-chrétiens (Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi, Robert Schumann, Paul Van Zeeland) que socio-démocrates (Paul-Henri Spaak, André Philip, Paul Ramadier) favorise cette évolution.

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